Rapa Nui et Moais
Je vais mettre le pied sur une terre inconnue. J’aime explorer l’histoire de l’art ainsi que tout ce qu’elle contient et le XIXe siècle étant en quelque sorte ma zone de confort, en sortir est presque une obligation. Mon attention s’est portée, grâce à un enchaînement presque providentiel d’évènements, sur Rapa Nui, l’île de Pâques et ses statues, les Moais. Cela ne ressemble en rien à ce que je connais et pourtant, il s’agit d’un sujet que je trouve passionnant.
La culture de l’île de Pâques est apparue grâce au peuple Rapa Nui, descendants de colons venus de Polynésie et elle existe depuis 1200 après J.-C. Jusqu’au XVIe siècle, des statues Moais furent érigées. Le terme les désignant fait référence au concept de l’image de manière étendue et peut également être utilisé pour définir les statues de bois pouvant être trouvées dans la culture du lieu. L’île de Pâques compte environs 900 Moais et l’Histoire s’apprête à assister à l’érection d’une toute nouvelle, unique.
Dans le cadre du défi Hoki Mai, la première statue Moai Vahiné (féminine) de la nouvelle ère sera mise debout. Les 900 autres existantes portent déjà une symbolique importante pour la culture Rapa Nui car elles se veulent être une représentation des Tupunas (ancêtres), mais celle-ci présente une portée plus étendue.
Cette érection vise à mettre en avant la figure de la femme et notamment rendre hommage à celles qui ont lutté pour le bien-être de leur peuple. Et pas seulement dans le milieu polynésien, mais dans le monde.
Ces statues, pouvant s’élever jusqu’à 20 mètres de hauteur, sont généralement érigées sur des ahu (plateformes cérémonielles) et cette nouvelle pierre n’y fera pas exception. L’usage du basalte ou d’un tuf volcanique est courant pour la sculpture de ces colosses. La Moai Vahiné fera 1,60 mètre de haut, 60 centimètres de large et pèsera entre 350 et 400 kilos. Elle sera transportée jusqu’à Motu Motiro Hiva où elle sera érigée.
De plus, le projet a également pour objectif de promouvoir une unité culturelle ainsi que d’envoyer un message pour la protection des Océans. Pour cela, un voyage de 500 kilomètres sera entrepris par six rameurs à bord d’un va`a, une pirogue polynésienne à balancier. Les participants sont des payageurs qui viendront du triangle polynésien (Nouvelle-Zélande, Tahiti, Hawaï, île de Pâques) afin d’embarquer pour une expédition qui aura pour destination le parc marin de Motu Motiro Hiva (îlot des oiseaux en direction d’une terre lointaine), proche de l’île Sala y Gomez. Les rameurs entreprennent ce voyage afin de rechercher de nouveau le mana (puissance initialement en lien avec le culte des ancêtres) pour leur donner le courage, la sagesse et la force d’affronter ce défi en hommage aux navigateurs venus d’Asie il y a plus de 3000 ans. À la fin du périple, une étude de la contamination du parc marin sera mise en oeuvre. Le départ de la traversée se fera le 3 décembre de cette année.
Je ne saurais comment parfaitement exprimer ma reconnaissance envers les Rapa Nui, tous les participants à ce défi et plus particulièrement Gilles Bordes, le promoteur et organisateur de celui-ci, pour m’avoir donné la possibilité de prendre part à ce projet si novateur et plein de sens. En tant que porteuse du flambeau sur l’Hexagone, écrire cet article est ma façon d’ajouter ma pierre à l’édifice. Cette première Moai Vahiné résonne avec la volonté de montrer de manière plus signifiante la place de la femme dans l’Histoire mais également dans l’art (non occidental pour le coup).